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MagazineSPM et TDPM : cibler les approches complémentaires
SPM et TDPM - Odile Bagot

SPM et TDPM : cibler les approches complémentaires

Dans le syndrome prémenstruel (SPM) et le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), les thérapies non médicamenteuses se révèlent incontournables dans le contexte actuel, constate le Dr Odile Bagot, gynécologue-obstétricien à Strasbourg. Même si la médecine allopathique garde toute sa place…

 

TLM: A quoi correspond exactement le syndrome prémenstruel (SPM) ?

Dr Odile Bagot : C’est un ensemble de symptômes qui se caractérisent à la fois par leur répétabilité et leur chronologie—ils surviennent chaque mois avant les règles et se poursuivent jusqu’aux premiers jours de celles-ci. Entre 20 et 50 % des femmes sont concernées. Le syndrome SPM peut survenir à tout âge de manière inopinée. Mais une fois qu’il est apparu, il est peu probable qu’il disparaisse. Les symptômes les plus fréquents sont les mastodynies, la rétention d’eau qui s’accompagne généralement d’une prise de poids, et les troubles de l’humeur (irritabilité, nervosité, dépression).
Certaines femmes ont aussi des troubles du comportement alimentaire avec une forte appétence pour les produits sucrés ; d’autres souffrent de ballonnements abdominaux, de céphalées, de troubles du sommeil ; d’autres encore se plaignent de pesanteur pelvienne ou développent une acné.

Comment pose-t-on le diagnostic du SPM ?

Le diagnostic est uniquement clinique, il repose sur l’interrogatoire des patientes.

Existe-t-il des facteurs de risque et des profils spécifiques des femmes atteintes d’un syndrome prémenstruel ?

Le principal facteur de risque du syndrome prémenstruel est d’avoir des cycles spontanés en l’absence de contraception venant bloquer l’ovulation. D’ailleurs, la plupart des femmes qui consultent n’ont pas de contraception antigonadotrope. L’autre facteur de risque fréquent est l’hyperoestrogénie relative par carence en progestérone. On observe pendant la période de transition ménopausique. Concernant les troubles de l’humeur, on invoque plutôt un déficit en sérotonine. Il se dégagerait donc trois grands profils de patientes : celles qui refusent toute contraception hormonale, les femmes proches de la ménopause et celles qui ont un terrain dépressif. On observe souvent un terrain familial, mais l’hypothèse d’une prédisposition génétique n’a pas été confirmée.

Quelles solutions proposer à ces femmes ?

On peut leur proposer, dans un premier temps, une approche par symptôme qui tienne compte de leur méfiance à l’égard de la médecine conventionnelle. On s’appuiera donc plutôt sur les médecines complémentaires comme la phytothérapie, l’homéopathie et les compléments alimentaires. La phytothérapie est assez efficace contre la rétention d’eau, les troubles de l’humeur (passiflore, valériane ou safran) et l’hyperoestrogénie relative (gattilier). L’homéopathie (lutéinum en basse dilution en seconde partie de cycle) est également indiquée pour rééquilibrer le cycle.

Pour freiner les compulsions sucrées, on recommande des compléments alimentaires à base de tryptophane et de chrome. On peut également leur proposer une approche globale, comprenant des conseils hygiéno-diététiques (baisse de la consommation de sel, de sucres, d’alcool, augmentation de l’activité physique), associés à la prise de magnésium, de calcium, de vitamines B6 et E sous forme de compléments alimentaires, et à la pratique d’activités de relaxation comme la sophrologie ou la méditation pleine conscience. Elles peuvent aussi appliquer de la progestérone sous forme de gel pour soulager leurs mastodynies, mais ce traitement se révèle relativement contraignant. Si elles ne sont pas totalement rétives aux hormones, une supplémentation en progestérone biosimilaire en seconde partie de cycle ou une contraception antigonadotrope (sous réserve qu’elles ne présentent pas de contre-indications) sont les traitements les plus efficaces pour soulager leurs symptômes.

Peut-on prévenir ce syndrome ?

La pratique régulière d’un sport, une alimentation équilibrée et pauvre en sel, en sucres et en alcool, et la gestion du stress ont prouvé leur efficacité. Mais reconsidérer sa contraception est de loin le moyen le plus sûr d’y échapper.

Quelle est la différence avec le trouble dysphorique prémenstruel ?

Les symptômes psychiques associés au trouble dysphorique sont bien plus marqués, à la limite de l’ordre psychiatrique. Ils s’apparentent à ceux d’une vraie dépression associant humeur dépressive, anxiété, perte d’intérêt pour les activités habituelles, difficultés de concentration. Mais à la différence d’une dépression, ils débutent après l’ovulation et s’arrêtent au moment des règles. Entre 3 et 8 % des femmes en âge de procréer sont touchées. Elles
sont dans une grande détresse.

Connaît-on les causes de ce trouble ?

Ces femmes seraient hypersensibles aux variations hormonales et présenteraient une carence en sérotonine. Elles présentent d’ailleurs un profil similaire à celui des femmes sujettes au syndrome prémenstruel : très à l’écoute de leur corps, elles sont assez méfiantes à l’égard de la médecine conventionnelle. C’est essentiel d’en tenir compte lors de leur prise en charge.

Le diagnostic est-il là encore purement clinique ?

C’est en effet l’interrogatoire de la patiente qui va orienter le médecin. L’alternance d’une période dépressive avant les règles et d’une période « normale » après les règles constitue l’élément le plus probant.

Quelle prise en charge proposer aux patientes ?

La première chose, et c’est essentiel, c’est de les écouter. Il faut les prendre au sérieux et mesurer la gravité de leur trouble. Je suggère une stratégie thérapeutique en trois temps, qui s’appuie peu ou prou sur la même approche que pour le syndrome prémenstruel : d’abord des mesures naturelles (mesures hygiéno-diététiques, compléments alimentaires, gestion du stress), puis une supplémentation hormonale si cela ne suffit pas (progestérone biosimilaire en seconde partie de cycle, contraception progestative à base de désogestrel ou drospirénone, ou contraception oestroprogestative en continu). En l’absence de résultats, il ne faut pas hésiter à proposer des antidépresseurs à faible dose (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine), à prendre seulement lorsque les symptômes apparaissent, puis à augmenter les doses si besoin. C’est très important de rassurer les femmes en leur proposant un accompagnement régulier qui leur redonnera —peut-être—confiance en la médecine allopathique.

Propos recueillis
par Amélie Pelletier
TLM N°126 JAN-FÉV-MARS 2022

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