Post-partum et premiers mois avec bébé : symptômes physiques et émotionnels
Le séjour à la maternité, bien que souvent très court (entre 48h et 4 jours), est une période de découvertes et de changements pour la jeune maman. C’est un moment où le corps se remet doucement de l’accouchement, et où de nombreux symptômes peuvent apparaître. Camille Tallet, sage-femme, vous propose ici une liste complète des symptômes les plus fréquents après l’accouchement. Certains ne vous concerneront peut-être pas. Ne lisez que les items qui vous intéressent et ayez en tête que comme chaque femme est différente chaque vécu l’est aussi.
1. Stop au mythe sur l’instinct maternel. Être mère ça s’apprend
Être mère n’est pas une fonction innée. Focalisez-vous sur la mère qui vous correspond et non celle qui est socialement acceptable.
De nombreux psychologues ont démontré que l’instinct maternel n’existe pas. Celui-ci n’est pas inné, mais se construit au fil de l’histoire de chaque femme.
Bien sûr, au début, vous tâtonnerez mais vous devez avoir confiance en vous. Winnicott (pédiatre et psychanalyste britannique du 20ème siècle) disait qu’une mère « suffisamment bonne » répond correctement aux besoins de son enfant une fois sur deux. Cela veut dire que 50% du temps vous allez vous tromper : votre bébé avait chaud et vous pensiez qu’il avait faim, tant pis, vous ferez mieux la prochaine fois. Donnez-vous du temps. Les débuts ne sont pas toujours idylliques. Le « tête à tête » avec bébé peut être un vrai casse-tête les premiers mois, mais vous allez apprendre à vous connaitre et vous comprendre. Ayez confiance en vous mais ayez aussi confiance en votre bébé, apprenez à l’écouter, à comprendre ce qu’il essaie de vous dire au travers de ses pleurs et gémissements.
2. Être mère : une profession. Savoir déléguer, savoir se faire aider, savoir s’organiser
Tout comme l’instinct maternel, être mère n’est pas non plus inné, cela s’apprend.
Si c’est votre premier enfant, jusqu’à présent vous n’aviez qu’à vous préoccuper de vous-même. Aujourd’hui, c’est différent et le quotidien risque d’être un peu chamboulé, surtout au début. N’hésitez pas à demander de l’aide si nécessaire. Cela vous permettra de vous sentir soutenue dans ce nouvel apprentissage et de garder vos forces pour vous et votre bébé.
Nos conseils :
➞ Le mot d’ordre : l’anticipation ! Pendant la grossesse et le congé paternité de papa ou du co-parent, profitez-en pour faire des stocks d’eau, de lait, de couches, de coton pour le change etc. Il existe même aujourd’hui la possibilité de se faire livrer de façon hebdomadaire ou mensuelle la plupart de ces produits.
➞ Quelques semaines avant l’accouchement, n’hésitez pas à congeler des petits plats pour le retour à la maison.
➞ Si vous le souhaitez, faites appel à une femme de ménage. Renseignez-vous auprès de votre mutuelle qui peut proposer gratuitement ce type d’aide après l’accouchement.
➞ Faites-vous aider par votre partenaire, votre famille et vos amis.
➞ Lorsque vous avez des visites, n’hésitez pas à demander à vos convives d’apporter une partie du repas. Et une fois sur place, vous pouvez même leur laisser bébé une petite demi-heure pour faire la sieste.
3. Dire non à la mère modèle
Sachez que la mère modèle n’existe pas. Il y a autant de façons d’être mère qu’il y a de bébés.
Après la grossesse, vous allez vous redécouvrir avec une nouvelle identité physique et psychique. Sachez qu’on ne redevient jamais tout à fait la même qu’avant.
Passer de deux à trois (ou plus) n’est pas toujours facile, la mise en route de cette nouvelle configuration familiale nécessite certains ajustements. Même si ce sujet reste tabou, tout le monde passe par cette étape. Les jeunes parents sont souvent mal informés et mal préparés aux difficultés des premiers jours. Il peut donc en découler un certain nombre d’altercations dans le couple.
Chaque chose en son temps, tout d’abord le temps de devenir mère et père pour bien s’occuper de son enfant et ensuite viendra le temps de réinvestir sa vie de couple.
Il est possible que pendant quelques temps vous ayez l’impression d’être colocataires avec votre conjoint/conjointe plutôt que couple. Il va falloir s’armer de patience et réapprendre à se découvrir petit à petit. Votre style de vie risque de changer (un peu moins de grasses matinées, un peu moins d’insouciance, un peu moins de temps à deux).
Votre conjoint/conjointe peut avoir la crainte d’être délaissé au profit de votre enfant. Il/elle peut être jaloux/se, en colère ou frustré.e de la relation mère-enfant parfois très fusionnelle les premiers temps. N’oubliez pas de lui laisser de la place. Il/elle doit lui aussi pouvoir avoir du temps seul.e avec son enfant (pendant que vous ferez la sieste ou que vous serez sortie). N’oubliez pas que tout ne doit pas reposer sur vos épaules.
Vous inquiétez peut-être aussi de l’impact de l’arrivée d’un bébé au sein de votre famille qui compte déjà un ou plusieurs enfants. La capacité d’une mère à aimer ses enfants et son aptitude à subvenir aux besoins de chacun sont deux choses très différentes.
Nos conseils :
➞ Le conseil principal est de ne pas accorder 100% de votre temps à votre bébé mais de vous octroyer des moments rien qu’à vous. La maternité est un temps où peut ressurgir des choses de votre enfance, de votre relation avec vos parents et donc réajuster votre identité. Ce n’est pas toujours facile.
➞ Commencez également à mettre au placard vos vêtements de grossesse et à vous offrir de nouvelles tenues.
➞ Pensez à sortir tous les jours, même cinq minutes, avec ou sans bébé. Ces sorties seront aussi bénéfiques à lui qu’à vous.
➞ Communiquez avec votre partenaire. Échangez tous les deux sur ce que vous ressentez actuellement, sur les difficultés éventuelles et sur ce que vous attendez l’un de l’autre.
➞ Laissez une place au partenaire. Il/elle doit lui aussi passer des moments privilégiés avec votre enfant. Le bain peut être un moment idéal.
➞ Rappelez à vos éventuels aînés, que la capacité d’amour d’une maman est illimitée et que cet amour ne se divise pas mais se multiplie.
➞ Si possible asseyez de garder du temps seule avec votre ou vos aînés. Même si ce temps est court c’est important qu’il soit de qualité.
Vous pouvez lui faire vivre son statut de « grand » comme une promotion mais il n’est pas impossible qu’il y ait quelque régressions (pipi au lit, le retour du biberon…) afin d’être lui aussi un bébé.
4. Ne plus penser jour/nuit mais 24H : mieux organiser son temps et son sommeil
Les premiers temps ne pensez plus jour/nuit mais 24h.
De même que votre bébé alterne des phases de sommeil et de réveil de manière irrégulière, vous pouvez aussi faire pareil. Vous adapter à son rythme les premières semaines vous évitera toute frustration car le plus important n’est pas de dormir la nuit mais de dormir tout court. Le but est donc de trouver 8 heures de sommeil en 24 heures.
Durant la fin de votre grossesse, vous vous leviez certainement la nuit pour aller aux toilettes et bien maintenant vous vous levez pour donner à manger ou bercer votre bébé.
Lors des premières semaines, la maman peut se sentir en décalage avec la vie des autres et c’est normal. Il faut apprendre à accepter cette phase de transition et surtout savoir s’y préparer. Vous êtes bien sûr ravie d’avoir votre bébé mais il est normal de se sentir fatiguée et dépassée les premiers temps. Pour gérer au mieux cette période, le sommeil, l’anticipation et l’aide de vos proches peuvent être la clé de la réussite.
La fatigue, certes normale peut vous rendre vulnérable. Elle favorise le babyblues. Il faut donc l’éviter au maximum.
Nos conseils :
➞ Pensez à dormir dès que votre bébé dort. Commencez par une sieste puis s’il reste du temps vous pourrez le consacrer à d’autres choses mais la priorité, après votre bébé, c’est vous (et pas le ménage ou le rangement).
➞ N’hésitez pas à noter ou faire des listes de toutes les choses à faire pour décharger votre charge mentale et vous permettre d’avoir l’esprit plus serein.
➞ N’oubliez pas de déléguer.
5. Du « baby blues » à la dépression du post-partum
Le baby blues est un phénomène très courant qui touche plus de la moitié des femmes. Ce n’est pas une maladie, c’est un état légèrement dépressif qui apparaît vers le 3ème jour après l’accouchement et qui dure une dizaine de jours seulement. Cet état se manifeste généralement par des sautes d’humeur, des larmes sans raison, une anxiété, une difficulté à créer du lien avec son bébé, des troubles du sommeil, un sentiment de découragement…Cela peut concerner toutes les femmes quel que soit leur accouchement, leur milieu social ou leur relation avec leur conjoint.
Le bouleversement hormonal très rapide après l’accouchement en est très souvent la cause mais pas seulement. Le « baby blues » est la conséquence des étapes de vie que la mère vient de traverser. Donner naissance est une expérience forte tant d’un point de vue physique que psychologique, il est donc normal d’éprouver un mélange d’émotions qu’on ne peut pas toujours contrôler.
Par ailleurs, pendant la grossesse, la femme bénéficiait de toutes les attentions et à la minute ou l’enfant naît elle a tendance à s’effacer au profit de son bébé.
Après l’accouchement, une certaine fragilité psychique est accentuée aussi par la difficulté à se reconnaître dans ce nouveau corps et avec cette nouvelle fonction de mère.
La période post-accouchement peut être aussi très angoissante pour la jeune mère qui peut se sentir coupable de ne pas correspondre parfaitement aux stéréotypes de la mère parfaite.
La dépression du post-partum, quant à elle, touche 10 à 15% des mères. C’est une maladie qui se déclare environ 6 à 8 semaines après l’accouchement et qui peut durer plus d’un an si elle n’est pas identifiée et soignée au plus vite. Il s’agit ici d’un état dépressif plus important que le « baby blues » qui lui n’est que passager.
Les femmes qui en sont atteintes présentent à la fois des signes physiques et psychologiques : découragement, désintérêt envers son enfant, anxiété, insomnie…
La plupart des mères souffrant de dépression du post-partum mettent cette souffrance sur le compte de la fatigue pour se rassurer, d’autant que la culpabilité d’avouer de ne pas être heureuse les empêchent d’appeler à l’aide.
Une femme qui a déjà souffert de dépression n’a pas plus de risque de développer une dépression du post-partum. Une prise en charge anténatale est parfois envisagée et un personnel encadrant qui est informé sera plus à l’écoute. Le rôle de l’entourage est aussi primordial. La présence des proches joue un rôle majeur dans la guérison. Le/la partenaire a un rôle fondamental dans le soutien, l’aide et l’observation des difficultés de sa femme.
Nos conseils :
➞ N’idéalisez pas la rencontre avec votre bébé. Ce sera sûrement un moment merveilleux mais si ce n’est pas le cas, ne culpabilisez pas. Il faut parfois un peu de temps pour créer le lien mère-enfant.
➞ Si vous ressentez les symptômes suivants et qu’ils durent plus de 2 semaines après l’accouchement, parlez-en rapidement à votre médecin ou à votre sage-femme car il peut s’agir du début d’une vraie dépression du post-partum :
Ø Vous ressentez de la tristesse ou pleurez au moins une fois par jour.
Ø Vous appréhendez le départ au travail de votre conjoint car vous avez peur de ne pas être à la hauteur et de gérer la journée toute seule.
Ø Vous avez tendance à oublier votre enfant et à agir comme s’il n’existait pas ou, au contraire, vous le sollicitez à outrance et de manière inadéquate.
Ø Vous n’arrivez pas à trouver le sommeil malgré la fatigue.
Ø Vous vous sentez anxieuse et angoissée la majorité du temps.
6. Reprise de la sexualité et contraception
Tout d’abord, sachez qu’il peut être tout à fait normal de ne pas éprouver de désir sexuel durant les premières semaines voir les premiers mois après la naissance de votre enfant. La fatigue, un périnée encore fragilisé, les hormones, la peur d’avoir mal ainsi que le sentiment de ne pas se sentir aussi désirable qu’avant ne facilitent pas les choses par ailleurs. Il faut souvent une bonne année pour retrouver une vie sexuelle aussi satisfaisante qu’avant la grossesse.
Techniquement, une ovulation est possible 21 jours après l’accouchement. Il est donc important d’avoir un moyen de contraception si vous envisagez de reprendre les rapports sexuels dès ce moment-là. Jusqu’au retour de couches, on utilise deux méthodes : la micropilule progestative (compatible avec l’allaitement) et le préservatif. La pilule est souvent commencée 15 jours après l’accouchement. Il se peut que celle-ci provoque quelques désagréments comme des sécheresses vaginales. Les variations hormonales du post-partum et l’allaitement peuvent aussi favoriser ce phénomène. Les pilules progestatives compatibles avec l’allaitement peuvent également diminuer la libido.
Les ovaires vont petit à petit fonctionner de manière normale et donc sécréter de nouveaux la bonne quantité d’hormones responsable de la lubrification vaginale. Pour celles qui allaitent, il faudra certainement attendre un moment après l’arrêt de l’allaitement pour retrouver votre confort d’antan.
Il faut savoir que lors de l’allaitement, le taux de prolactine est très élevé, cette hormone a un effet inhibiteur sur la libido.
Quant à l’autre parent, il peut être fatigué lui aussi ou avoir peur de vous faire mal… Lui non plus n’est pas toujours pressé de reprendre les rapports.
Nos conseils :
➞ Il faut 6 semaines pour que le col de l’utérus soit bien refermé, il est donc recommandé d’attendre ce délai pour reprendre les rapports mais ce n’est pas obligatoire.
➞ Reprenez en douceur lorsque vous ressentez le désir d’avoir des rapports sexuels. La sensualité et la disponibilité des deux parents est primordiale.
➞ Si vous ressentez une sécheresse vaginale à cause des pilules progestatives, pensez à appliquer de l’huile végétale type amande douce, onagre, coco, jojoba… au moins une fois par jour et utilisez un lubrifiant pour la reprise des rapports.
➞ Si une douleur persiste pendant les rapports, il faut en parler à votre médecin ou votre sage-femme pour une prise en charge spécifique.
7. Les RDV médicaux post accouchement
Une consultation post-natale réalisée par une sage-femme, un gynécologue ou un médecin généraliste expérimenté doit avoir lieu 6 à 8 semaines après l’accouchement. Elle est prise en charge à 100%. Elle sert à savoir comment vous vous sentez, comment se passe l’apprentissage de votre rôle de maman et sert aussi à poser toutes les questions autour de la contraception, de la reprise des rapports, des éventuelles fuites urinaires ou douleurs diverses etc.
Il pourra s’en suivre une consultation de contraception si vous désirez changer la pilule prescrite à la maternité ou si vous souhaitez commencer un autre moyen de contraception.
Il faudra par la suite continuer à faire une consultation gynécologique une fois par an.
Viendront ensuite les séances de rééducation périnéales et abdominales ainsi qu’une éventuelle consultation chez l’ostéopathe si nécessaire.
8. La rééducation du périnée
Situé entre la symphyse pubienne et le coccyx, le périnée est un ensemble de muscles qui recouvrent la paroi inférieure du petit bassin. Son rôle est de soutenir les voies digestives inférieures, les voies urinaires (il assure la fermeture et l’ouverture de la vessie) et enfin les voies génitales, assurant ainsi la continence urinaire et fécale. Les organes situés dans l’abdomen entraînent des variations de pression lorsqu’ils se remplissent, qu’ils se vident, qu’ils se contractent, etc. Le rôle du périnée est donc d’exercer une pression de résistance vers le haut afin de maintenir un équilibre permanent. Enfin, les muscles du périnée sont impliqués dans la sexualité. Apprendre à mieux connaître son périnée est précieux pour se réapproprier son corps et sa sexualité après l’accouchement.
Le périnée est sollicité dès le 4ème mois de grossesse pour soutenir le poids du bébé, le liquide amniotique et le placenta. Lors de l’accouchement (au moment de l’expulsion) ces tissus sont étirés et il faudra un certain temps pour qu’ils retrouvent leur tonicité. C’est l’intérêt de la rééducation périnéale.
En pratique les séances ont lieu chez une sage-femme ou un kinésithérapeute. Il existe plusieurs méthodes :
➞ La méthode manuelle : le praticien place un ou deux doigts en intra-vaginal et vous demandera de faire différents exercices à l’aide de visualisation d’image. Le but est d’apprendre à travailler différents muscles en les dissociant.
➞ La rééducation par électrostimulation : un appareil est relié à une sonde vaginale qui envoie un courant électrique. Ce courant entraîne une contraction involontaire des muscles du périnée et permet donc de les renforcer. Cette méthode est particulièrement indiquée pour les patientes qui n’arrivent pas à mobiliser leur périnée d’elles-mêmes ou celles qui ont un périnée très faible.
➞ Le biofeedback : cette méthode nécessite une sonde intra-vaginale mais sans courant électrique. Votre périnée devient une sorte de console de jeu : vous devrez contracter et décontracter votre périnée en suivant des indications sur un écran.
Les séances sont prises en charge par la sécurité sociale et la mutuelle de même que la sonde intra-vaginale si nécessaire.
Nos conseils :
➞ Apprenez à connaître et maîtriser votre périnée avant d’avoir accouché.
➞ Même si vous avez accouché par césarienne, quelques séances de rééducation périnéale peuvent être nécessaires car votre périnée a lui aussi été sollicitée durant la grossesse.
➞ Une fois la rééducation terminée, il vous faudra prendre de bonnes habitudes dans votre quotidien pour protéger votre périnée. Choisissez l’exercice de contraction du périnée qui est le plus efficace pour vous et pensez à mettre en place cette contraction si vous toussez, éternuez ou portez une charge lourde (un bébé dans un cosy par exemple).
➞ Luttez contre la constipation en buvant beaucoup d’eau et ne poussez pas pour aller à la selle. Pensez à mettre un marche-pied sous vos pieds pour aider l’évacuation des selles.
➞ Les premiers mois, évitez certains sports considérés comme dangereux pour le périnée (tennis, jogging, fitness et équitation)
➞ Attention, l’allaitement et son contexte hormonal peuvent parfois vous freiner dans votre progression de rééducation périnéale, il ne faut pas hésiter à faire une pause.
➞ Pour celles qui souffrent d’incontinence anale, il existe une rééducation ano-rectale très efficace. Pas de tabou sur ce sujet-là, parlez-en à votre sage-femme, votre kinésithérapeute ou votre médecin pour qu’il vous oriente vers le bon praticien s’il ne la pratique pas lui-même.
9. La rééducation abdominale et la reprise du sport
La rééducation abdominale par un kinésithérapeute ne doit se faire qu’après celle du périnée. Elle permet de reprendre conscience de sa sangle abdominale, soumise à rude épreuve pendant la grossesse. Souvent négligée, elle n’est pas toujours bien suivie. Pourtant elle peut être tout aussi importante que la rééducation périnéale. Une bonne rééducation abdominale permet d’éviter d’éventuelles douleurs dorsales ou lombaires et aide à retrouver, en travaillant le muscle transverse, un ventre plat plus rapidement.
Concernant l’activité sportive, il est fortement recommandé d’attendre d’avoir fait un bilan périnéal, voire la réduction du périnée avant toute reprise. La prise de conscience du périnée est essentielle avant la reprise du sport car la contraction périnéale sur le souffle est l’élément « starter » de n’importe quel effort.
Nos conseils :
➞ En attendant la rééducation abdominale, rien ne vous empêche de sortir marcher dès que le temps le permet.
➞ Pensez au Yoga et au Pilates post-natal qui sont souvent des cours maman-bébé.
➞ Le sport en plus d’être bon pour le moral, coupe l’appétit. Voilà deux raisons pour s’y mettre ou s’y remettre dès que vous le pourrez. Attendez d’avoir le feu vert de votre professionnel de santé au niveau périnéal. Évitez la reprise du sport par du tennis, du jogging, du step, tout ce qui implique de sauter ou courir et évitez les exercices abdominaux dits classiques (type relevé de buste).
➞ 2 exercices de kinésithérapie à faire à la maison :
Premier exercice :
S’allonger sur le dos, les genoux pliés et les pieds à plat sur le sol.
Placer un pied sur le genou de l’autre jambe qui est pliée, et placer les mains à l’envers sur le genou, les doigts orientés vers le sol et les coudes vers le plafond.
Expirer puis bloquer à vide en rentrant le menton.
Appuyer la tête dans le sol et rapprocher les coudes l’un de l’autre.
Second exercice :
S’allonger, les bras le long du corps et les pieds sur une chaise placée devant soi.
Soulever le bassin en expirant, poussez sur les bras, creuser le haut du dos au maximum et monter les fesses le plus haut possible en formant un pont.
Placer ensuite les bras en arrière autour de la tête et redescendre tout en poussant les fesses en direction des pieds.
10. Consultation ostéopathe
Que l’accouchement ait eu lieu par les voies naturelles (voie basse) ou par césarienne, cela reste une épreuve pour vous et pour votre corps. Environ 3 semaines après l’accouchement, n’hésitez pas à voir un ostéopathe, il vérifiera que tout s’est remis en place et dénouera d’éventuelles tensions. En cas de fortes douleurs (au coccyx, au bassin, au dos), vous pouvez aussi consulter un ostéopathe dès le retour à la maison.
Durant la grossesse et après l’accouchement, le corps d’une femme subit de nombreux changements rapides et significatifs qui peuvent avoir des répercussions sur l’harmonie du corps. L’ostéopathie vous aidera à retrouver cet équilibre.
11. Nutrition : alimentation des premiers jours et alimentation au long cours
Après l’accouchement, une bonne alimentation est aussi importante que le repos.
Une jeune mère qui donne le biberon a besoin de 2000 calories par jour et celle qui allaite au sein de 2500.
Il est tout à fait normal d’avoir encore au moins 6 Kg à perdre lorsqu’on rentre à la maison, ce sont les réserves qui ont été constituées pour l’allaitement.
Dans la période post-natale le métabolisme est ralenti pour permettre au corps de se remettre de l’accouchement, il n’est donc pas favorable de commencer un régime durant cette période (au moins 3 mois).
Nos conseils :
➞ Continuez les compléments alimentaires qui apportent les vitamines et les minéraux nécessaires à la restauration de votre corps.
➞ Augmentez un peu votre apport protéique pour réparer les tissus endommagés par l’accouchement.
➞ Faites le plein de calcium et de fer qui ont été entamés de façon importante par le fœtus pour ses os et par les pertes sanguines durant l’accouchement et les jours qui ont suivi.
➞ Optimisez le transit afin de prévenir d’éventuels troubles de la constipation en vous hydratant suffisamment et en consommant des fibres.
➞ Attendez le retour de couches pour envisager un régime.
➞ Plus tard attention aux grignotages : évitez de finir systématiquement les assiettes de vos enfants.
Alimentation des jeunes mamans allaitantes au sein ou au biberon :
– Augmenter ses apports en légumes et fruits frais pour rétablir le transit parfois malmené pendant la grossesse – Consommer des aliments riches en fer (moules, foie, boudin noir par exemple) pour combler les pertes potentielles suite à l’accouchement – Augmenter les apports en protéines (1 à 2 portions de viande, œufs ou poisson par jour et 2 produits laitiers par jour) pour aider à la cicatrisation suite à l’accouchement. |
Alimentation des jeunes mamans allaitantes au sein :
– Augmenter son apport calorique à 500kcal par jour – Penser à s’hydrater généreusement – Consommer des oligoéléments tels que le cuivre (abats, noisettes, noix, champignon), le zinc (bœuf, agneau, veau), de l’iode et du sélénium (crustacés, poissons, jaunes d’oeufs). – Augmenter l’apport en vitamine B et notamment B9 (légumes verts, jaune d’œuf, foie animaux) – Adopter un apport en acide gras de qualité et notamment en oméga-3 pour assurer le développement du système nerveux de l’enfant (huile de colza, huile de noix, poissons gras) – Assurer un apport en calcium et vitamine D (2 produits laitiers/jour sinon amandes noisettes ou légumes tels que les poireaux)
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12. Eviter les polluants intérieurs/extérieurs
Nous sommes plus exposés à la pollution à l’intérieur de nos logements qu’à l’extérieur. Les chauffe-eau, produits chimiques, humidité, tapis, moquettes, meubles neufs, animaux domestiques, poubelles, appareils de cuisson, chauffage, et tabac émettent tous des composés nocifs pour les voies respiratoires. Il est donc essentiel d’aérer régulièrement son logement.
Nos conseils :
➞ Attendez au moins trois mois entre la fin des travaux d’aménagement de la chambre de bébé et son arrivée pour réduire l’exposition aux composés nocifs.
➞ Aérez quotidiennement les pièces de votre logement, au moins deux fois 10 minutes par jour.
➞ Évitez de participer à des travaux de bricolage ou d’aménagement pendant la grossesse et attendez trois mois avant d’installer l’enfant dans une chambre refaite.
➞ Faites vérifier chaque année par un professionnel vos appareils de combustion (poêle, chaudière). Ne bouchez jamais les grilles d’aération.
➞ Supprimez totalement le tabac pendant la grossesse et l’allaitement et soyez vigilant à l’exposition au tabagisme passif.
➞ Limitez l’utilisation de produits d’entretien, évitez les parfums d’ambiance et les pesticides domestiques.
➞ Privilégiez des cosmétiques avec une liste d’ingrédients courte, naturels et labellisés.
➞ Lavez et épluchez vos fruits et légumes avant de les consommer.
➞ Préférez des ustensiles de cuisson en fonte, verre ou inox et évitez de réchauffer des aliments dans des récipients en plastique.
13. Les 10 conseils pour prendre soin de soi (maintenant et pour toujours).
➞ Prenez le temps de ne rien faire. C’est plus difficile qu’il n’y paraît.
➞ Prenez soin de votre peau. Hydratez-la et faites attention aux changements qui peuvent survenir après la grossesse.
➞ Reprenez une activité physique en douceur, comme le yoga ou le Pilates post-natal, qui respectent le périnée.
➞ Sortez au moins cinq minutes par jour pour vous oxygéner, faire le plein de vitamine D, et changer d’air.
➞ Prenez rendez-vous chez l’ostéopathe pour vous remettre des tensions accumulées durant la grossesse et l’accouchement.
➞ Mangez sainement, en variant les saveurs tout en vous faisant plaisir.
➞ Buvez beaucoup d’eau, essentielle pour votre teint et votre transit.
➞ Accordez-vous du temps pour vous-même, que ce soit pour aller au spa, faire du shopping, voir un film ou visiter un musée.
➞ Dînez en tête-à-tête avec votre conjoint pour maintenir des moments à deux, essentiels pour le couple.
➞ Remettez des tenues dans lesquelles vous vous sentez belle. Cela booste le moral !
➞ N’oubliez pas qu’une bonne mère est une mère épanouie, en phase avec ses choix. Plus vous vous sentirez bien, plus votre bébé se portera bien également. Être mère ne signifie pas renoncer à être femme, amante, ou active professionnellement.
Faites comme vous pouvez, comme vous le ressentez et tout ira bien.
Diplômée en sage-femmerie et ostéopathie, Camille Tallet exerce depuis plus de dix ans dans des maternités renommées. Spécialisée en suivi post-partum, rééducation périnéale et prise en charge des douleurs féminines, elle a également obtenu un DIU en 2021 sur l’endométriose et l’adénomyose. Formée en acupuncture, sophrologie et hypnose, Camille propose une approche holistique des soins. Elle accompagne les femmes à chaque étape de leur vie, avec une attention particulière au bien-être physique et psychologique, de la grossesse à la ménopause.