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MagazineContre la sécheresse vulvovaginale, viser les soins hydratants lubrifiants
Dr. Marion Aupomerol, Gynécologue Sexologue

Contre la sécheresse vulvovaginale, viser les soins hydratants lubrifiants

La sécheresse vaginale, principalement due à une carence en œstrogènes, est un problème fréquent, particulièrement après la ménopause. Le Dr Marion Aupomerol, gynécologue médicale et sexologue à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif), rappelle les solutions pour atténuer la gêne et soulager les patientes.

TLM : D’après les statistiques, une femme sur six en France souffre de sécheresse vaginale. De quoi s’agit-il exactement ?

Dr Marion Aupomerol : La sécheresse vaginale correspond à une lubrification insuffisante de l’appareil génital féminin. Mais il est plus exact de parler de « sécheresse vulvovaginale » dans la mesure où ce symptôme peut affecter aussi bien le vagin que la vulve. D’ailleurs, la sécheresse au niveau de la vulve est généralement plus symptomatique que celle au niveau du vagin.

Comment se traduit cette sécheresse ?

En dehors des rapports sexuels avec pénétration, où elle occasionne un inconfort voire de vraies douleurs, la sécheresse vaginale ne suscite pas de gêne particulière chez les femmes affectées. La sécheresse vulvaire a, en revanche, beaucoup plus d’impact. Du fait de sa situation anatomique, la vulve est en effet constamment soumise à des frottements via le port de sous-vêtements en dentelle ou de jeans trop serrés, de sorties à vélo ou de marche prolongée ; elle peut aussi gêner les rapports sexuels, même sans pénétration, notamment lors des caresses. Qu’il affecte la vulve, le vagin ou les deux, le symptôme de sécheresse vulvovaginale peut s’accompagner de brûlures en urinant. Les démangeaisons, en revanche, ne font pas partie de sa symptomatologie et doivent donc orienter le médecin vers une autre cause, comme une mycose ou une maladie de peau (psoriasis, eczéma, lichen).

Quelles sont les causes pouvant expliquer la sécheresse vulvovaginale ?

Chez les femmes, la lubrification est normalement assurée par les œstrogènes ; une sécheresse vulvovaginale peut donc être due à une baisse de leur production. Si cette baisse résulte le plus souvent d’un arrêt de la fonction ovarienne à la ménopause, elle peut aussi être induite par l’ablation bilatérale des ovaires (indiquée en cas de grossesses ectopique, d’endométriose, de kyste, de tumeur bénigne ou maligne, de cancer du sein ou dans le cadre d’une hystérectomie), par certains traitements anticancéreux (en particulier l’hormonothérapie), ou faire suite à l’absence de règles depuis plus de six mois (chez les femmes anorexiques ou obèses, par exemple). Outre la carence en œstrogènes, d’autres situations peuvent altérer le niveau d’hydratation de la peau et des muqueuses et être à l’origine d’une sécheresse vaginale : c’est le cas de certaines maladies (comme le syndrome de Goujerot-Sjögren), ou de certains médicaments, notamment des antihistaminiques, vasoconstricteurs, antidépresseurs et anti-acnéiques. Enfin, si l’on exclut les troubles de l’excitation sexuelle, l’impression d’être sèche en dehors des rapports peut être liée à une simple irritation ou à une vaginite infectieuse.

Existe-t-il un lien avec l’activité ou l’absence d’activité sexuelle ?

Non, aucune étude n’a établi un tel lien.

Certaines femmes sont-elles plus touchées que d’autres ?

Disons plutôt que certaines femmes sont plus à risque : les femmes ménopausées dont la carence en œstrogènes provoque ou accentue cette sécheresse, ainsi que les femmes enceintes ou allaitantes, exposées à de fortes variations hormonales. Mais une carence en œstrogènes ne se traduit pas inévitablement par une sécheresse vulvovaginale symptomatique. Autrement dit, certaines femmes peuvent être carencées et ne ressentir aucune sécheresse intime. À l’inverse, d’autres peuvent avoir l’impression d’être très sèches sans que cela soit objectivé à l’examen clinique. Tout est question de ressenti !

Le diagnostic requiert-il nécessairement un examen clinique ?

Celui-ci n’est pas indispensable mais il permet néanmoins d’affiner le diagnostic de sécheresse vaginale. En effet, certaines femmes ont parfois du mal à situer précisément le problème. L’examen de la vulve et du vagin permet donc d’objectiver la plainte, mais aussi d’écarter d’autres causes parmi celles citées précédemment.

Arrive-t-il qu’une sécheresse vulvovaginale soit diagnostiquée de manière fortuite, au décours d’un examen gynécologique ? Le cas échéant, quelle doit être la démarche du praticien ?

Il arrive en effet que l’examen clinique permette de diagnostiquer une sécheresse du vagin sans que la patiente n’ait formulé la moindre plainte. Dans ce cas, on ne traite pas. Aucune étude n’a démontré l’intérêt d’intervenir en amont d’une gêne ressentie. La prise en charge de la patiente doit être proposée uniquement en cas de plainte de la part de cette dernière.

En quoi consiste cette prise en charge ?

Le traitement dépend de la localisation de la gêne, vulvaire, vaginale ou les deux. Contre la sécheresse vulvaire, elle repose essentiellement sur des traitements locaux à base de gels ou crèmes, avec ou sans hormones, qui aident à maintenir le taux d’hydratation et à protéger les muqueuses intimes. Pour être efficaces, ces gels ou crèmes hydratants doivent faire partie de la routine quotidienne et être appliquées chaque matin après la toilette. Comme elles ne sont pas remboursées, les femmes peuvent les remplacer par de l’huile de coco, de sésame ou de jojoba. En cas de sécheresse vaginale associée, elles peuvent utiliser un gel à la double action hydratante et lubrifiante qui limite les frottements et leur permet de retrouver tout le confort attendu durant les rapports sexuels avec pénétration. Très efficace sur la sécheresse vaginale, le traitement hormonal de la ménopause (THM) n’est cependant indiqué qu’en cas de syndrome climatérique associé (troubles du sommeil, sueurs nocturnes, bouffées de chaleur, etc.) En outre, comme tout produit à base d’œstrogènes, il est contre-indiqué chez les femmes ayant des antécédents de cancers hormonodépendants ; la solution, opter pour des huiles à base de vitamine E, d’acide hyaluronique ou d’oxyde de zinc.

 

Propos recueillis par Amélie Pelletier

TLM Avril 2022

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